10.06.2016

"Savoir arrêter une grève" par Philippe Vigier

Le premier ministre vient d'annoncer une série de mesures pour venir en aide à la SNCF : l'Etat va débloquer 100 millions d'euros pour rénover le réseau ferroviaire et s'engage à maintenir l'équilibre économique des lignes Intercités lourdement déficitaires. Jusqu'ici, la situation sociale était explosive. François Hollande n'avait fait qu'ajouter de la confusion à la confusion, en court-circuitant les négociations menées par Guillaume Pepy avec les syndicats de cheminots depuis deux ans.

Alors que les Français subissent, les pieds dans l'eau, un dixième jour de grève et que la France s'apprête à recevoir des millions de touristes pour l'Euro, le Président de la République vient enfin de réaliser qu'"il faut savoir arrêter une grève". Cette formule tronquée et réchauffée, que François Hollande avait déjà utilisée lors des grèves de 2014, sonne comme un aveu d'échec.

Tout d'abord, parce que l'impact de la grève à la SNCF atteindra bientôt l'équivalent de ses bénéfices difficilement réalisés sur 2015. Peu soucieuse du confort des usagers ou de la santé économique de l'entreprise de transport ferroviaire, la CGT se sert de la SNCF dans son bras-de-fer contre un président de la République trop faible pour lui tenir tête. Pire, la SNCF, fleuron industriel français, court à sa perte alors que l'ouverture à la concurrence se profile. 33% de productivité en moins par rapport au secteur privé, 41 jours de repos en plus : tout cela reste figé, faute de volonté réformatrice.

Ensuite, parce qu'après avoir paralysé les raffineries, attaqué nos forces de l'ordre à travers des affiches indignes et empêché la parution des journaux, la CGT peut se targuer d'avoir fait baisser le taux de fréquentation touristique à Paris, poussé à la faillite des centaines de TPE et bloqué le traitement des ordures ménagères.

Enfin, parce que derrière cette négociation avortée se cache une dramatique absence de méthode de gouvernance, qui vient s'ajouter au fiasco de la déchéance de nationalité, à l'échec de la constitutionnalisation de l'état d'urgence, et à la crise ouverte par la loi travail.

En voulant rester en bons termes avec les frondeurs, les syndicats extrémistes et les représentants d'intérêts particuliers de toutes sortes, François Hollande a perdu la confiance des Français. Il a divisé la gauche, divisé les syndicats, comme il divise nos concitoyens depuis trop longtemps.

Ma conception du paritarisme et du dialogue social n'est ni celle de la CGT, ni celle du gouvernement : il faut inventer une voie médiane. Le dialogue social doit être modernisé pour devenir un outil efficace au service de la réforme. Pour cela, je propose que se tienne chaque année un grand round de négociations avec les partenaires sociaux, pour définir une feuille de route claire, qui débouchera sur des réformes dont les objectifs seront partagés par tous. Je propose également que nous puissions faire un état des lieux régulier du dialogue social en France et en Europe, afin de nous inspirer des solutions qui marchent ailleurs. Enfin, il faut dépolitiser les syndicats en augmentant leur représentativité. Pour cela, je crois que la seule solution consiste à conditionner les protections offertes aux salariés, comme les conventions collectives, à l'adhésion à un syndicat.

En attendant, François Hollande ferait mieux de mettre fin aux blocages, incompréhensibles en plein état d'urgence. A défaut, il donne, une fois de plus, l'image d'un pays hésitant, impuissant et ingouvernable.

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