07.04.2016

Interview d'Hervé Morin au JDD.fr

Interview parue le 7 avril 2016

Vous êtes président de la région Normandie depuis 100 jours cette semaine. Comment se déroule ce début de mandat?
Je suis vraiment heureux dans cette fonction et à aucun moment, je regrette mon choix de me consacrer à la région plutôt que de rester sur un mandat national. On a mis le turbo avec le lancement d'un Grenelle de l'apprentissage, un fonds d'investissement pour le développement économique de 100 millions d'euros ou encore la création d'un lycée du futur. La région Normandie s'apprête à investir et à mettre fin à 12 ans de sous investissements notoires.

Vous êtes aussi en pointe dans le dossier du transport ferroviaire. Qu'attendez-vous de l'Etat?
La ligne nouvelle Paris-Normandie va se faire et je m'en réjouis. Mais ce ne sera pas avant 2030! Les usagers normands  ne peuvent s'en contenter et la région Normandie ne doit plus négliger le dossier de la rénovation globale du réseau. Pour débloquer une situation gelée depuis des années, nous proposons une solution innovante : prendre la gouvernance des trains Intercités à la seule condition de l'achat, par l'Etat, de matériel neuf sur nos lignes Paris-Caen-Cherbourg et Paris-Rouen-Le Havre.

Matignon a proposé un accord Etat-région que les régions doivent désormais signer. Avez-vous été entendus?
J'ai proposé d'ouvrir 15.000 places de formation supplémentaires, payées par l'Etat. Selon mes premiers échanges avec Matignon, cela devrait se faire. Le  bilan de François Hollande est catastrophique je ne cesse de le dire. C'est ma responsabilité, en tant que responsable régional, d'améliorer la situation à mon échelle.

Vous êtes encore député, alors que d'autres présidents de région, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Christian Estrosi notamment, ont démissionné de leur mandat...
Je vais bientôt prendre une décision en ce sens, mais je ne souhaitais pas provoquer une élection législative partielle [aucun scrutin partiel n'a lieu durant l'année précédant une présidentielle, NDLR]. En effet, si j'avais démissionné en début d'année, j'aurais pris le risque, à travers un scrutin partiel, de faire entrer un nouvel élu FN ou de gauche à l'Assemblée nationale. Je pense que mon électorat peut comprendre mon cumul très provisoire des mandats.

Lors du congrès de l'UDI du 20 mars, 66,56% des militants du parti se sont prononcés contre une participation de leur parti à la primaire de droite. Vous attendiez-vous à ce refus?
J'ai appelé à voter en ce sens, je ne suis donc pas surpris. J'estime qu'il faut depuis des mois sceller un pacte législatif entre l'UDI et Les Républicains avant d'entrer dans cette primaire. La discussion n'a pas été encore possible. Il est hors de question que les centristes ne soient que des strapontins. Un tiers des militants ont toutefois appelé à participer à la primaire. Cela prouve qu'une immense majorité, comme moi, pense qu'il faut être unis pour aborder ces élections.

Espérez-vous un accord avec Les Républicains avant la primaire?
Il n'y a pas de raison qu'un accord ne puisse aboutir pas avant les vacances d'été. La porte reste ouverte et tous les leaders des Républicains se disent toujours prêts à discuter. Je ne veux toutefois pas revivre 2007-2012. Pendant cinq ans, Les CENTRISTES [le parti que préside Hervé Morin et qui est affilié à l'UDI, NDLR] a été l'allié de l'UMP. Mais cela marchait à sens unique : la droite n'avait pas besoin de nous pour voter un texte et bien peu de nos propositions ont été entendues comme par exemple la TVA sociale qui n'a trouvé grâce que trop tard aux yeux du chef de l'Etat en janvier 2012.

En cas d'accord avant septembre, pourrait-il y avoir un candidat centriste à la primaire?
C'est une possibilité. Mais je dis aux centristes : attention à la candidature de témoignage. Seul Jean-Louis Borloo pourrait faire un score important dans ce type de scrutin et il est absent. En cas d'accord, il vaut mieux soutenir le candidat dont on se sent le plus proche à la primaire plutôt qu'une candidature centriste trop faible.

Plus généralement, militants et cadres centristes vont prendre position dans cette primaire. Cela peut-il créer des tensions?
Il va y avoir des périodes de tensions, c'est évident. Mais au bout du compte, il devra y avoir un seul candidat en 2017. Et ce candidat, s'il est bien qualifié pour le second tour de la présidentielle, sera face à Marine Le Pen. Il sera donc face à l'Histoire car il devra faire émerger une grande force centrale, allant de la gauche sociale-démocrate aux libéraux.

Cette force centrale n'est-elle pas utopique au vu des clivages partisans?
Elle est déjà en train de prendre forme. Sur bien des textes, comme la loi El Khomri, la loi Macron ou l'Etat d'urgence, l'UDI, Les Républicains et la gauche étaient prêts à se rassembler. Quand Manuel Valls évoque deux gauches irréconciliables, cela démontre qu'une partie du PS a choisi la social-démocratie. Pour lui, il n'y a plus d'accord politique possible avec le Front de gauche comme pour nous, il n'y a pas de solution avec le FN. On retrouve la grande idée de Valéry Giscard d'Estaing de rassembler deux Français sur trois. Il y a l'émergence d'un tripartisme (extrême gauche, centre, extrême droite) que le carcan de la Ve République ne peut plus empêcher.

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