05.01.2011

Vœux 2011 à la presse : discours d'Hervé Morin

Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi pour commencer de souhaiter à toutes et à tous une très heureuse année 2011, pour vous, pour votre famille et aussi pour tous ceux qui vous sont chers.

Qu’elle vous apporte la santé, la sérénité quotidienne, et cette part de rêve et d’espoirs qui  rend chacun plus heureux.

De mon côté, et pour la première depuis 3 ans, je suis resté à Paris et notamment dans ma formidable cuisine.  Vous avez pu le voir sur le net.

Vous aurez l’occasion, si vous le souhaitez, d’apprécier mes talents  de cuisinier le 22 janvier sur la chaîne «  Cuisine TV » où j’ai livré 2 de mes recettes aux caméras de votre consoeur Maïtena Biraben.

 Les 3 derniers réveillons, j’étais avec nos soldats sur les théâtres d’opération. Au Tchad et en Centrafrique, puis les deux dernières années en Afghanistan. Cela reste des souvenirs très forts, des moments de construction personnelle qui demeureront ancrés en moi pour toujours. 

J’ai aimé profondément ces moments de partage avec ces hommes et ces femmes qui, loin de nos frontières, portent en eux des valeurs tellement rares de générosité, d’amour du pays, de fraternité, très éloignées des valeurs matérialistes qui dominent notre société.

Mais voilà, tout cela c’est maintenant le passé. Une page est tournée ; la rédaction d’une autre commence.  Je vous rassure je n’ai  aucune gueule de bois, aucune nostalgie. Je suis tout entier tourné vers cette nouvelle année avec un immense appétit d’expression, de projets et de rencontres.

Etre membre du Gouvernement, exercer une responsabilité aussi majeure que celle de ministre de la Défense est une expérience sans équivalent, ou presque, dans la vie d’un homme.

Mais après avoir mené pendant trois années et demi une réforme considérable et que je qualifierai d’exemplaire quand on parle de réforme de l’Etat, je suis heureux d’avoir retrouvé ma liberté de parole.

J’ai exercé mes fonctions avec un grand esprit de solidarité et de loyauté : je n’ai jamais craché sur mes collègues. Je n’ai jamais critiqué l’action du Gouvernement ou – sous le manteau - les décisions du Président de la République ; c’était pour moi non seulement un devoir mais c’était ainsi que j’entendais exercer la responsabilité qui m’était confiée. C’était tout simplement une question de dignité.

Et aujourd’hui, j’aborde cette nouvelle période avec un immense appétit d’expression et je compte bien ne pas me priver de cette liberté de parole retrouvée.

Et pour rester dans la métaphore militaire, je veux d’abord faire le constat qu’en 2010, Les CENTRISTES a été un bon soldat de la majorité. Aux élections régionales, car nos candidats méritaient d’être élus et 80 l’ont été, au gouvernement et à l’Assemblée nationale, car nous avons été solidaires d’un gouvernement qui affrontait une crise sans précédent et qui menait une réforme majeure, celle des retraites.

Malgré un débat sur l’identité nationale qui n’a pas grandi  notre modèle républicain, malgré celui sur les Roms qui a troublé nos repères et notre image extérieure, malgré le bouclier fiscal qui est vécu comme injuste ; d’autant qu’il n’a rien réglé sur les délocalisations de patrimoine.

Mais il y a eu un temps pour la reconstruction de notre parti et il y a maintenant un temps pour l’action.

Il y a eu un temps pour la solidarité et il y a un temps pour l’indépendance.

Il y a eu un temps pour la discrétion et il y a désormais un temps pour l’expression.

D’autant qu’en 2011, nous serons confrontés à plusieurs perspectives auxquelles nous devons réagir. Je me limiterai à en citer 2 aujourd’hui :

- la progression de l'extrême-droite et le spectre d'un « nouveau 21 avril politique »

- la progression de l'endettement et le spectre d'un « 21 avril financier »

Sur le risque de la montée du Front National, je crois qu'il y a comme chaque fois un déni de réalité. Nous ne voulons pas voir, pas entendre les causes profondes de cette protestation dont on dit qu’elle est grandissante et qui ne touche plus seulement les classes les plus modestes, les classes populaires mais aussi maintenant les classes moyennes qui vivent avec l’inquiétude ou le sentiment d’un déclassement.

Au lieu de se méfier de la pluralité de candidatures à l'élection présidentielle et des risques d'un nouveau 21 avril, on ferait mieux de répondre aux peurs et aux inquiétudes de millions de français. Si Jean-Marie Le Pen a été présent au second tour de 2002 ce n'est pas à cause de Jean-Pierre Chevènement et si Marine Le Pen est présente au second tour de 2012, ce sera à nouveau les conséquences d’un échec. Il reste 15 mois pour répondre aux inquiétudes des français qui seraient tentés par ce vote extrême. 

Qu'est ce qui fait peur à nos concitoyens? C'est que  les boucliers qui les protégeaient, qui assuraient leur sécurité, qui fixaient leurs repères depuis un demi-siècle disparaissent les uns après les autres .

• le bouclier nucléaire, mais aujourd’hui la prolifération, le terrorisme, les risques de crises régionales qui nous impliqueraient ;

• le bouclier européen, mais aujourd’hui la crise financière et surtout la fragilité de l’euro liée à un vice de construction de la monnaie unique, c’est-à-dire l’incapacité des Européens et des gouvernements de construire une politique budgétaire, économique et fiscale européenne intégrée. Les Français comptent sur l’Europe pour affronter la mondialisation. Le problème, comme le dit Marcel Gauchet, c’est que les gouvernements européens ne font preuve d’aucune vision stratégique adaptée à cette situation.

• le bouclier de l'État impartial et méritocratique mais aujourd’hui les « affaires », ou les pseudo-affaires,  les conflits d'intérêt et les nominations qui ne sont pas toutes irréprochables…. Encore récemment, le comportement incompréhensible des députés de la majorité concernant les sanctions infligées aux parlementaires en cas de fausse déclaration sur leur patrimoine. Il est tout de même curieux d’avoir soutenu un régime pénal « indulgent » alors que toutes les lois votées vont toutes dans le même sens, c’est-à-dire un durcissement des peines, et que le Chef de l’Etat motive l’introduction des jurys populaires dans les tribunaux correctionnels par la nécessité de rendre plus rigoureuses les sanctions prononcées contre les délinquants.  

J’estime enfin que s’agissant de représentants de la nation, il aurait  fallu un régime de sanctions au moins aussi rigoureux que celui imposé aux fraudeurs du fisc, si on estime que les élus doivent être exemplaires.

 En tout cas, merci à Charles de Courson et aux députés du Nouveau Centre pour leur vigilance et leur fermeté sur ce sujet.

• Autre bouclier qui s’évanouit : le bouclier de l'État-providence mais aujourd’hui les déficits des différents régimes.

• le bouclier de l'école mais aujourd’hui la perspective d'un déclassement social de ses enfants et petits enfants et la panne de l’ascenseur social.

• le bouclier du statut, du diplôme, du syndicat, de l'église, d’identités basiques mais aujourd’hui des positions toutes fragilisées

Voilà les vraies sources du cri protestataire, et certainement pas le coup de sang estival de quelques roms en rupture de fraternité européenne. C’est un phénomène grave car il porte en lui toute une série de tentations suicidaires – la suppression de l’Euro, la fermeture des frontières, le recours à l’inflation – et un phénomène d’autant plus grave qu’il ouvre la porte à toutes les démagogies.

Alors je crois qu'au delà des réponses que l'on peut apporter à ces différentes appréhensions, une partie des Français renoncerait à  ce vote extrême si on leur apportait tout simplement un peu plus de vérité,  un peu plus de pédagogie sur les questions essentielles, un peu plus de vision du monde, en quelque sorte une grille de lecture du monde pour l'avenir. Et j’ajoute : si on mettait l’éthique au cœur des priorités politiques.

 « Mondialiser un peu plus le bien », comme le dit justement Jacques Attali. Expliquer ce que la France est devenue, quels sont les enjeux, quelles peuvent être nos nouvelles frontières et le moyen de les atteindre, sans fard ni détour.

Tout le contraire en somme de ce dangereux débat qu’on veut paraît-il à nouveau exhumer sur l'identité nationale qui a été pour moi le parfait exemple de ce qu'il ne faut pas faire: le repli sur soi, la convocation d’inutiles nostalgies, la stigmatisation de bouc-émissaires.  

Ceci est d’autant plus une erreur que la question n’est pas celle de l’identité nationale – nous savons ce qu’est la France, son âme et sa chair – car la vraie question c’est en fait celle de l’unité nationale. 

Si nous n’avions pas d’inquiétude sur l’unité nationale, ce débat n’existerait pas. Et je crois plus profondément que derrière ces débats se cache un sujet beaucoup plus lourd qui est la rénovation de notre pacte social.

Je crois profondément qu’il faut se rendre à l’évidence que notre pacte social reposant notamment sur notre creuset républicain assimilateur et intégrateur a vécu. Qu’il faut repenser notre pacte social avec une grille de lecture radicalement différente.

Je pense qu’aujourd’hui chacun d’entre nous vit dans un certain nombre de tribus en fonction de ses racines, de son métier, de ses passions, de sa foi. Certaines de ces tribus s’inscrivent d’ailleurs dans des réseaux sociaux, sur le net.

Ces tribus, elles , sont visibles physiquement dans nos villes. Il y a, à Paris, à peine quelques stations de métro entre Etienne Marcel et Château d’Eau et pourtant, lorsqu’on sort de la station de métro, on le voit immédiatement. Que reste-il de commun entre la retraité agricole à 600 euros par mois dans la Creuse et le consultant vivant la globalisation heureuse à Paris à 600 euros de l’heure ?

Et ce pacte social nouveau pourrait être bâti sur une articulation nouvelle reposant sur deux piliers.

- Le respect de principes généraux et de valeurs , qui fondent la République et que la République fait respecter avec la plus grande intransigeance, sans aucune concession comme, par exemple, la laïcité, l’égalité entre les hommes et les femmes, le suffrage universel source de tout pouvoir, la promotion de solidarités collectives.

-Et deuxième pilier : la reconnaissance du rôle des tribus comme facteur de cohésion sociale et de médiation. Et le rôle du politique dans tout cela est double :

D’une part, garantir le cadre collectif, fixer les valeurs et les principes gages de notre cohésion et qui fondent notre fierté d’appartenance à une communauté nationale.

D’autre part, faire en sorte que ces tribus vivent en harmonie et de façon apaisée et surtout, considérer qu’elles sont facteur de liens, de solidarités humaines capables de répondre à des problématiques que nos grands systèmes redistributifs appréhendent mal. C’est pourquoi il faut redonner un rôle nouveau aux corps intermédiaires, aux associations, aux fondations, aux syndicats, aux branches professionnelles, au système coopératif ou mutualiste.

Voilà à mon sens de vrais débats et de vraies questions.

Et cessons de jouer avec le feu sur l’immigration et mettons enfin en place, au niveau européen, une vraie politique commune comme ont su le faire nos amis canadiens qui ont appris que pour être efficace, la politique ne doit pas être conduite par les Etats mais par le Gouvernement  fédéral. Là comme sur  bien des sujets en Europe on reste au milieu du guet. On a fait Schengen, on a fait Frontex mais on ne se donne pas les moyens.

Ce qui veut dire pour moi :

-Contrôle drastique des frontières extérieures de l’Union, avec des moyens renforcés ;

- Une immigration calée sur nos besoins en bras et en cerveaux ;

- Une politique d’aide au développement ambitieuse que l’Union peut porter.

Voilà une politique qui ne stigmatise personne et qui affirme une égale dignité de chacun qu’il soit ou non issu de l’immigration dès lors que sa place est reconnue dans la société.

Ma seconde préoccupation, c'est la dette.

La dette c’est une vraie épée de Damoclès au dessus de nos têtes.  1 150 milliards d’euros en 2007 et … 1 818 milliards d’euros en 2012.

Pendant longtemps la dette, les déficits c’était juste une question d’ordre financier. Aujourd’hui, étant donné son ampleur, étant donné les crises systémiques auxquelles nous avons assisté, c’est vraiment devenu une vraie question politique, une vraie question de société, une question démocratique majeure.

Quelles sont les marges de manœuvre, Mesdames et Messieurs, des candidats à l’élection présidentielle, et donc des Français, avec un tel niveau de dette, je vous le demande ? C’est comme si on mettait les Français en 2012 au volant d’une voiture qui n’aurait ni pédales, ni carburant.

Le remboursement de la dette, c’est aujourd’hui le 2e budget de l’Etat, la totalité de ce que rapporte l’impôt sur le revenu. Moi si j’étais Ministre du Budget, sur les prochaines déclarations d’impôt de mars / avril prochain, j’écrirais en gros caractère sur les formulaires envoyés aux Français :

« cet impôt servira en totalité à payer les intérêts de la dette, merci »! A l’inverse, est-ce que vous imaginez tout ce qu’on pourrait faire pour l’éducation, pour la santé, pour la dépendance, si nous n’avions pas un tel boulet d’endettement à supporter ? 

Pas un budget présenté un équilibre depuis 1981.

Un  endettement qui pèse sur la compétitivité de notre économie et sur le pouvoir d’achat des ménages.

Lutter contre la dette, c’est leur rendre de l’argent et faciliter l’investissement des entreprises.

J’ai le plus grand doute sur le cheminement du rétablissement des équilibres tel qu’il est présenté dans la loi de programmation 2011-2014.

Ce budget est construit sur des hypothèses de croissance et de dépenses publiques qui sont en effet hypothétiques.

Pour la croissance d'abord – qui conditionne les recettes –  le gouvernement a pris 1,6% de taux de croissance en 2010, ce qui est jouable, 2% en 2011, soit déjà un demi point au-dessus du consensus des économistes, 2,5% de 2012 à 2014 alors que la France n'a jamais fait mieux que 1,5% dans les dix dernières années.

Pour les dépenses, les prévisions sont extrêmement optimistes, qu'il s'agisse de l'État, des collectivités locales ou de la sécurité sociale. Pour l'État par exemple, cela suppose 0% de croissance en volume. Or on n’y est jamais arrivé : il y a toujours des dérapages et des dépenses supplémentaires. Par exemple, et même si ces mesures sont justifiées, combien va coûter le passage en CDI des contractuels de la fonction publique, ou encore le repyramidage de la carrière des policiers promise il y a deux mois.

Or qui y a t il derrière ce débat qui peut paraître purement comptable ? Et bien tout simplement un niveau d'endettement qui dans 2 ou 3 ans  pourrait nous amener à une tourmente comparable à celle que vivent certains de nos partenaires européens.

Avec les hypothèses retenues par le gouvernement on parvient déjà à 85,3 % de déficits publics en 2014 contre 63 % en 2007. Avec nos hypothèses, c’est 92% soit plus de 80 000 euros par famille!   Pour nombre d’ économistes, une dette publique de plus de 90% du PIB, c'est un point de croissance en moins...car plus l'endettement est élevé, plus le pouvoir d’achat des ménages se contracte et donc la consommation, et plus l’investissement des entreprises devient difficile.

En fait, les Français d’ailleurs savent bien, au fond d’eux-mêmes, que la France connaîtra bientôt un moment de vérité si elle refuse de regarder les choses en face et que s’ils ne le font pas eux-mêmes, ce seront nos créanciers qui le feront avec la violence que l’on connaît et l’effondrement de pans entiers de nos certitudes.

C’est pourquoi, pour notre souveraineté, pour notre démocratie, par respect pour les jeunes générations, nous n’avons pas le choix. Il faut aller plus loin dans l'assainissement des finances publiques mais pour cela il faut le faire avec les Français dans la transparence et la vérité et avec des pouvoirs qui montrent l’exemple sinon votre discours s’effondre dans l’instant.

Montée dangereuse des extrémismes, progression vertigineuse de la dette, 2 menaces qui exigent une même réponse : revenir à une certaine ascèse dans l’exercice du pouvoir et en tous cas à une ascèse de la vérité. Cela va de pair avec la sobriété du pouvoir ; je préfère sobre à modeste car c’est une bêtise de penser que les Français veulent un pouvoir modeste. Ils le veulent à la fois fort et humble ; ils le veulent fort et sobre.

La sobriété de la dépense,

La sobriété du discours, du geste, de l’exercice : autant de thèmes sur lesquels je m’exprimerai dans les prochaines semaines et que je développe largement dans le livre que je suis en train d’écrire.

Au total, oui des inquiétudes que d’ailleurs démontre le sondage de Gallup qui fait apparaître les Français dans le top 5 des plus pessimistes au monde – plus pessimistes encore que les Pakistanais.

Mais pour moi la politique, c'est justement transformer des craintes en propositions, des inquiétudes en espérances. « Elle était belle comme la révolte, elle s’appelait imagination », c’est une phrase de Leo Ferré que j’aime beaucoup et dont je voudrais  faire ma devise pour 2011.

Mesdames et Messieurs,

Les CENTRISTES a 3 résolutions pour 2011:

– écouter (donner, rendre la parole aux français)

– décider (de son avenir)

– rassembler (les tribus égarées)

Écouter les Français, c'est ma première résolution.

Première illustration, le tour de France que j'ai entrepris depuis plusieurs mois maintenant et dont le rythme va s'accélérer à raison de 2 à 3 rencontres hebdomadaires. Quelle est l'idée? Elle est toute simple. C'est, déplacement après déplacement, rencontre après rencontre, faire émerger la société de la reconnaissance à laquelle j’aspire et je crois.

Dans notre société, si tu n'es pas reconnu tu n'existes pas! Et j'ai la certitude qu'il existe dans tous les interstices de notre société une multitude de ressources, de talents, d'énergies qui ne sont pas connues et reconnues comme il faudrait et je veux aller à leur rencontre pour les écouter et porter leurs messages qui nourrira un nouveau projet politique.

L'innovation se trouve partout et je vais vous dire, notre principal relais de croissance, de modernisation, de transformation, il est là. Il est là, dans toutes ces forces d'anticipation et d'innovation, dans ces courants porteurs que nous ignorons, que nous entravons, dont nous ne savons pas diffuser et développer les idées.

Pour les uns, c'est un règlement administratif de trop. Pour les autres au contraire, c'est  un coup de pouce  qui manque.  Ce sont des agriculteurs qui réinventent des formes nouvelles de coopératives et d'organisation. Ce sont des enseignants qui développent ensemble un nouveau logiciel d'emplois du temps et le proposent à leurs collègues. Ce sont des élus ruraux qui se rassemblent pour proposer une offre de soin nouvelle à leurs administrés. Ce sont des mères divorcées qui utilisent Internet pour échanger leur logement avec d’autres mères divorcées pour se rapprocher de leurs enfants.

Car la société de la reconnaissance, c'est aussi une société du respect, respect de toutes celles et tous ceux qui même au plus modeste des niveaux contribuent au lien social, à la prospérité du pays. Respect de fonctions qui ne sont pas toutes directement productives. Je crois qu’il y a un vrai désir de se tourner vers des valeurs qui soient  moins matérielles. On l’a vu en 2010 avec l’immense succès « des hommes et des dieux », on l’a vu aussi avec le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas ou plus récemment avec le petit opuscule de Stéphane Hessel.

Qu’est ce que tout cela montre ? Et bien, qu’on ne peut pas faire vivre et développer une démocratie en l’asseyant sur des valeurs et des ressorts uniquement matérialistes. « La tâche de la politique n’est pas d’assurer les avantages matériels d’individus sans lien », écrivait juste après-guerre un des pères spirituels des centristes le philosophe Jacques Maritain, « mais elle est d’engager une mission de civilisation et de culture », autrement dit la poursuite de buts essentiellement humains, la justice, la liberté, la dignité de la personne humaine reconnaissant l’infinité de l’Homme.

 Alors, comment favoriser l’émergence de cette horizontale ou plutôt comment concilier horizontalité et verticalité, car la verticalité c’est aussi important car c’est l’autorité, l’ordre et les institutions.  Comment trouver un mode de gouvernance qui sorte du discours : « Ne vous inquiétez pas, je vais tout régler d’en haut ». Comment être davantage communauté de citoyens partenaires que simple société d'individus? Comment redonner vie et sens à cette multitude de corps intermédiaires que la monarchie puis la république ont consciemment et volontairement laminés ?

C'est l'enjeu de cette année de 2011 et de ces rencontres que je vais multiplier. Commençons par écouter pour rendre la parole à cette France « muette ».

Ecouter.

Décider, c'est pour notre formation politique faire le choix d'un candidat centriste pour l'élection présidentielle de 2012. Oui décider d'avoir un représentant issu de notre famille comme à chaque fois depuis 1965. La candidature centriste n’est ni une hérésie politique, ni une soudaine lubie.

Un candidat qui portera nos valeurs, notre projet et notre vision de la France dans une Europe ayant une perspective fédérale. Un candidat qui sera un candidat de construction et non d'opposition. Un candidat qui fédèrera des espérances pas des inquiétudes ou des haines. Un candidat qui dira aussi clairement dans quelle logique de coalition il s'inscrira au soir du premier tour. Mon objectif, c'est de parvenir à une coalition gouvernementale et parlementaire des partis de droite et du centre où la pluralité de nos sensibilités soit entendue. Un parti centriste autour duquel s'organisera la recomposition des forces politiques en 2012.

Un congrès extraordinaire du Nouveau Centre aura lieu à l’automne. Ce sera à nos militants de donner le feu vert à cette formidable aventure démocratique qu'est une élection présidentielle. Pour moi il n'existe aucune alternative à cette volonté qui n'est que le reflet de la résonance de notre famille et de nos valeurs dans la société.   

Ecouter, Décider,

Rassembler, c'est notre 3e résolution pour sortir de notre condition de semi-adolescence qui, entre parenthèses, en arrange beaucoup. Et si je l'ai placée en 3e position, c'est qu'elle est nécessairement pour moi la conséquence des 2 autres résolutions. Oui, pas de rassemblement sans une dynamique de projet et sans  l'affirmation de nos valeurs. Pas de rassemblement sans une dynamique de candidature indépendante non plus. Voilà les 2 réacteurs du rassemblement.  Le Conseil national extraordinaire du 22 janvier à Vincennes devra se prononcer sur les modalités de ce rassemblement à partir d’une motion que je lui soumettrai.

Oui je vous le dis le rassemblement des centristes sera l'addition de forces en mouvement, un faisceau d'énergies positives ou il ne sera pas.

Pas question pour moi de passer un marché de dupes, de m'engager dans un processus qui serait au bout du compte synonyme de renoncement ou d'abdication.

C'est pourquoi je dis que la « conjonction des centres », 

que j'appelle de mes vœux, ne peut se faire qu'entre formations politiques indépendantes, et donc par la constitution au même moment, à l’instant T,  de groupes parlementaires communs à l'Assemblée nationale comme au Sénat.

Pour moi cette clarification est indispensable, urgente et constituera le véritable moment de vérité. « To be or not to be à l'UMP; that is the question » qui se pose à nos amis. La balle est dans leur camp pas dans le notre. Nous,  nous avons gardé et rénové la vieille maison centriste depuis plus de 3  ans. Nous avons regagné des élus et des militants. Nous avons repris pieds dans le débat d’idées. Tout cela, tout ce que nous avons construit je ne le laisserai pas se déliter en échange de fausses promesses et de simples intentions. En rassemblant, je veux additionner des volontés pas des velléités. Je veux multiplier les initiatives concrètes pas les exercices ou les spéculations à trois bandes.

Dés lors que toutes ces conditions sont remplies – un candidat, un candidat de centre et de centre-droit, un candidat indépendant- je suis ouvert à toutes les solutions d'organisation, de fédération, d'alliances, de front, de coalition, peu importe le vocabulaire,  qui nous aideront à structurer cette conjonction des centres.

Depuis plusieurs mois maintenant, et bien avant le remaniement, une dynamique s'est installée. Nous l'avons laissée s'enraciner. 

 Tout se présente pour le moment sous les meilleurs auspices s’il y a la volonté. C’est pourquoi j’ouvre grands les bras, mais j’avance de façon déterminée.

Vous voyez l'année 2011 promet d'être riche et je n’ai pas parlé des échéances cantonales et sénatoriales. Pour ses acteurs comme ces commentateurs il faudra de l'énergie, du sang-froid et donc une santé à toute épreuve. C'est en tous cas ce que je vous souhaite en priorité à toutes et à tous réunies ici aujourd'hui.

Je vous remercie.

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