14.09.2013

Université d'été de l'UDI 2013 : discours d'Hervé Morin

Mes chers amis

Je suis heureux d’être avec vous aujourd’hui et d’ores-et-déjà pardonnez-moi de vous quitter dès ce soir mais je suis sur le point d’être papa !   

Permettez-moi d’aborder deux sujets importants : bien sûr, notre rapprochement avec François Bayrou et le Modem mais aussi les questions soulevées par les récentes déclarations de François Fillon sur le Front National. 

Ce que Jean-Louis a pu construire, et nous tous ensemble depuis un an, permet aujourd’hui de faire une université de rentrée comparable à ce que font les plus grands partis de France : plus de 2 000 inscrits sur les deux jours, c’est absolument formidable. C’est la preuve de ce ciment très précieux que nous avons su construire et qui dépend d’abord de vous tous.  

Je vous le dis à chacun lors de mes déplacements, nous pourrons toujours améliorer notre organisation et mettre de l’huile dans les rouages ; mais la construction et l’avenir de l’UDI dépendent d’abord de vous et de votre capacité à être unis sur le terrain en tant que femmes et hommes partageant les mêmes valeurs et défendant les mêmes idées, quelle que soit votre formation politique d’origine. Et c’est le président du Nouveau Centre qui vous dit cela.  C’est par une démarche d’unité et de confiance que nous réussirons notre pari.

Mes Chers amis,

Les discussions que nous avons engagées avec François Bayrou doivent nous conduire à parachever l’unité de la famille centriste.  Je connais les réticences de beaucoup d’entre vous à l’idée d’un rapprochement avec le Modem.  Mais s’il y a quelqu’un qui connaît bien François Bayrou, c’est moi. Je sais ce qu’a représenté la fracture de 2007, constitutive de nos cheminements politiques respectifs. Jamais Les CENTRISTES n’aurait été créé si l’UDF était restée ce qu’elle était. 

Beaucoup considèrent que François Bayrou a trahi le message politique de l’UDF en appelant à voter pour le candidat socialiste lors de la dernière élection présidentielle. Je l’ai moi même largement dénoncé mais je peux aussi comprendre sa démarche visant à tenter de construire une majorité différente avec un parti socialiste capable d’évoluer vers un positionnement social-démocrate, ce qu’il n’est définitivement pas.  

Reconnaissons également qu’une partie de nos électeurs du centre et du centre droit ont voté pour François Hollande car il ne se reconnaissaient pas dans le président sortant. 

Quant aux vicissitudes de la vie politique et aux coups de couteau des uns et des autres, souvenez vous de Chirac et Giscard en 1981 ou de Chirac et Balladur en 1995. Il faut aussi savoir tourner la page.

Mais il n’y aura de rapprochement avec François Bayrou que dans la clarification politique, au niveau national comme au niveau local. Nous ne le ferons pas dans l’ambiguïté mais dans la construction d’une majorité avec nos partenaires de l’UMP.

Ce rassemblement ne saurait se résumer à un cartel électoral en vue des prochaines échéances municipales et européennes. Cela n’aurait aucun sens et nous discréditerait immédiatement. 

C’est une démarche pérenne, un processus de fond qui devra s’appuyer sur une structure commune légère entre l’UDI et le Modem nous permettant de débattre, de délibérer, de construire un projet politique pour être en mesure de compter dans les années et les décennies à venir.

Notre démarche, elle a un objectif clair : montrer au Français que nous sommes en capacité de devenir une alternative au PS, à l’UMP et au FN. Cela nous impose de rassembler toutes celles et ceux qui veulent porter haut et fort la voix centriste.

Car la situation est pour le moins paradoxale. On a d’un côté un PS qui fait le grand écart entre Manuel Valls et son aile gauche et de l’autre l’UMP dans un état de déliquescence et de haine incroyable. Ces deux partis arrivent pourtant à rassembler dans une même organisation politique des gens divisés à peu près sur tout ! 

Chez nous les centristes, c’est le contraire. Nous partageons les mêmes valeurs, nous défendons les mêmes idées, et pourtant nous sommes divisés, nous vivons séparés.

Alors, si nous voulons incarner une alternative crédible auprès des Français, je dis à François Bayrou qu’il a toute sa place avec nous dès lors que cette clarification politique est faite.

Rassemblés, nous pourrons d’autant mieux incarner la modernité que nous appelons de nos vœux. Regardez les messages politiques portés par les trois principaux partis : on est soit dans la nostalgie, soit dans la haine ou sinon dans le camouflage des réalités.

Alors qui d’autres que nous pour porter en France un projet moderne, voire post-moderne ? Pas l’UMP qui vit dans cette fiction que l’on peut construire la France de demain sur les mêmes bases qu’il y a vingt ans.

C’est à nous de dire la vérité aux Français ; de leur expliquer que nous vivons un changement de monde qui impose de changer radicalement quatre ou cinq politique majeures. C’est la nécessité absolue d’une Europe fédérale pour partager nos souverainetés et exister dans la mondialisation. Ce sont les transformations du pays qui ne se feront pas par un coup de baguette magique d’un homme ou d’une femme providentiel mais par la mobilisation de toutes les énergies qui existent dans le pays.

Révolution environnementale, révolution numérique : la société française de demain ne ressemblera en rien à celle d’aujourd’hui. Nos modes de production et nos comportements vont changer radicalement. La nouvelle donne numérique bouleverse tant les consciences individuelles que les consciences collectives et même l’exercice de notre démocratie s’en trouve transformé.

Regardez le mouvement des « Pigeons » l’an dernier. Ils ont fait bien davantage en quinze jours que ce qu’aurait pu faire l’opposition à l’Assemblée nationale et au Sénat pour lutter contre le harcèlement fiscal.

Mes chers amis,

Face à une droite qui est structurellement pessimiste et face à une gauche qui se réfugie dans un optimisme béat, nous devons être les optimistes réalistes qui portons un discours de vérité sur le changement du monde.

Car ce changement du monde, il est fait pour nous. Il doit nous permettre de retrouver la prospérité et la confiance dans le progrès et dans l’avenir. Voilà le message que nous devons porter dans une UDI rassemblée et confiante.

Et nous avons d’autant plus cette responsabilité que les déclarations de François Fillon sur le Front national ne sont pas anodines. C’est un séisme, une décomposition.

Quelle est l’étincelle qui a allumé la flamme de François Fillon au point de faire ces déclarations en début de semaine et de les confirmer hier soir ? J’entends bien le discours qu’on nous serine en permanence : pourquoi ne pas nous associer avec le FN alors que le PS fait bien alliance avec les communistes et le Front de gauche ? Mais il y a une différence fondamentale, c’est que le FN est un parti xénophobe et raciste.

Prenez le programme du FN : pas une seule proposition correspond à ce que nous pensons, de près ou de loin. Augmentation de la dépense publique, sortie de l’euro, fermeture des frontières, etc. Et souvenez nous des villes gérées par le Front National : un endettement démentiel et des affaires judiciaires systématiques qui ont conduit les maires FN en correctionnelle.

Alors, qu’est-ce qui peut motiver François Fillon ?  

Derrière ses déclarations, il y a les déchirements de l’UMP qui les amènent à ne plus construire quelque chose de cohérent. Leur cheminement, c’est à qui sera le plus à droite possible pour accaparer ce positionnement politique en 2016 ou 2017. Je lis la déclaration de François Fillon à l’aune du positionnement politique de Nicolas Sarkozy le jour où il reviendra dans le jeu politique.

Or qui peut croire un seul instant que de telles déclarations vont faire baisser le FN ?  C’est tout le contraire : les digues ont lâché et tout ce bruit nous empêche de poser les vraies questions.

Car la vraie question de fond est celle-ci : si le FN séduit aujourd’hui 25% des Français c’est parce que nous n’avons pas été à la hauteur de nos responsabilités.  Sur la montée du FN, ne cherchons pas à rendre le PS responsable de tout car nous sommes co-responsables de la situation. Nous avons été dix ans au pouvoir et au lieu de nous confronter aux problèmes nous les avons plutôt contournés. Nous avons eu une stratégie d’évitement. 

Quelques exemples pour illustrer mon propos :

D’abord, les 35 heures. Nous n’avions cessé de les dénoncer lors de nos campagnes électorales. Mais une fois au pouvoir, nous avons préféré la défiscalisation des heures supplémentaires plutôt que de les supprimer. Et cela n’a rien réglé de notre problème de compétitivité lié au fait que nous travaillons moins en France que partout ailleurs dans le monde. Les seuls à avoir abordé le vrai sujet de fond, c’est nous, à l’UDI, dans notre document d’orientation économique adopté lors de notre premier Conseil national du 15 juin dernier.    

Ensuite, les retraites. On a fait mine d’aborder le sujet mais  nous n’avons rien réglé des régimes spéciaux. C’est nous, à l’UDI, qui prônons l’instauration d’une égalité de tous les Français devant la retraite par la création d’un régime universel comme cela existe en Europe du Nord. 

Enfin, la suppression de la taxe professionnelle. Certes, nous avons supprimé optiquement cet impôt, mais y a-t-il un artisan ou un chef d’entreprise pour y croire ? 

Ce sont autant de sujets que nous n’avons pas eu le courage de traiter au pouvoir comme nous les avions abordés lors de nos campagnes électorales. L’espoir que nous avons suscité s’est transformé en déception, expliquant en grande partie la montée du Front national.

Aujourd’hui, François Fillon se trompe politiquement et moralement. Et il se trompe sur l’analyse qu’il fait su sujet car il a été Premier ministre pendant cinq ans. Il se trompe car lorsque le Front National sera à 35%, avec qui construirons-nous une majorité d’alternance ?  Nous serons condamnés à rester indéfiniment dans l’opposition.

Mes chers amis,

Il y aura bientôt des élections municipales. Mais derrière les élections locales se posent aussi des questions nationales. Les seuls à porter un projet alternatif et une vision moderne, c’est nous. Et le moment venu, je vous le dis, nous serons au rendez-vous.

Je vous remercie. 

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