27.11.2017

Symbole de l'Union européenne : intervention de Philippe Vigier

Lundi 27 novembre, Philippe Vigier est intervenu à l'Assemblée nationale dans le cadre du débat sur la proposition de résolution visant à promouvoir les symboles de l’Union européenne.

 

 

« Alors que le vent soufflait encore sur les braises d’un monde détruit par la guerre, la haine et les égoïsmes, son frissonnement disait en secret la volonté des peuples de construire la paix.

Le drapeau européen est l’étendard d’une ambition prodigieuse que, sur notre vieux continent, nous avons nommé « Progrès ».

Il est le ciel d’une civilisation sous lequel affluèrent et affluent encore celles et ceux qui chérissent la liberté et qui mettent l’Homme au centre du monde.

Oui, le drapeau européen est plus qu’un symbole.

Il parle en 24 langues des valeurs universelles de la France et trouve, de ce fait, sa place à la droite de son drapeau, au cœur de notre Assemblée.

Cette proposition de résolution permettra, je le souhaite, de l’affirmer avec force.

Elle me permettra également de faire valoir l’attachement profond et ancien de mon groupe au projet européen.

Enfin, je sais que les échanges que nous aurons ce soir préfigurent ce qui sera l’un des débats les plus fondamentaux de notre temps, un débat qui transcende les clivages partisans, un débat que nous aurons lors des prochaines élections européennes, en 2019, et que nous continuerons d’avoir au cours des prochaines décennies.

Ce débat, c’est celui de l’appartenance de la France à l’Europe et de la pertinence même du projet européen.

Au fond, mes chers collègues, ce débat, c’est celui de la place de la France dans le monde de demain.

L’enjeu est tel qu’il oppose aujourd’hui deux camps et deux camps seulement :

D’un côté, il y a le camp des europhobes et eurosceptiques de tous genres, dont les conceptions de l’Europe se ressemblent furieusement.

Ce camp, c’est le vôtre, Monsieur Mélenchon.

C’est aussi le vôtre, Madame Le Pen.

C’est celui qui cultive les peurs, qui flatte le sentiment nationaliste de peuples blessés et qui s’accroche coute que coute aux mirages qui, de tout temps, ont dépossédé les pays de la maitrise de leur destin.

Face à ce camp qui confond souveraineté et isolement, ouverture et soumission, face à ce camp qui pense que les frontières de l’ancien monde sont la seule et unique réponse face à l’émergence d’un monde nouveau, aux géants du numérique, aux réfugiés climatiques ou à Daesh, il y a la France forte de son appartenance à l’Europe, qui met au défi l’avenir.

Il y a la France qui, avec l’Europe, fait front à l’émergence d’un nouvel ordre, dont les contours, encore inconnus, se dessinent à toute vitesse.

Il y la France européenne, bienveillante, ouverte sur le monde et ses multiples horizons, aussi forte dans le dialogue qu’enracinée à son histoire et ses valeurs.

Oui, en face, il y a la France capable de montrer la voie en Europe, de tenter, de braver, une France prête à étonner le monde, encore et toujours.

Pour le groupe auquel j’appartiens, le choix est clair : nous sommes européens.

Aussi, sans plus attendre, je vous le dis : nous voterons avec enthousiasme en faveur de cette proposition de résolution à propos de laquelle je n’ai qu’un seul regret, monsieur le Président Ferrand : que vous n’ayez pas associé notre groupe parlementaire à votre démarche.

Nous la voterons car elle permettra d’apporter une réponse claire à une bien mauvaise polémique.

Monsieur Mélenchon, Madame Le Pen, vous dites, de concert que le drapeau européen n’aurait pas sa place dans l’hémicycle.

Je vous réponds sans ambages : puisse-t-il toujours y demeurer !

Il a fait entrer ici l’ardent désir de liberté des peuples qui se sont libérés des régimes totalitaires ou autoritaires pour s’associer à cette communauté de destins unique au monde.

Il a fait entrer ici les noms illustres des pères fondateurs de l’Europe, qui a force de détermination et d’humilité ont construit cet d’édifice de paix.

Je parle de Konrad Adenauer, d’Alcide de Gasperi, de Jean Monnet, de Robert Schumann ou de Paul-Henri Spaak dont nous sommes les héritiers obligés.

Il a fait entrer ici l’héritage de Simone Veil, déportée avec sa famille dans les camps de concentration, survivante de l’horreur, et première Présidente du Parlement européen élue au suffrage universel.

Il a fait entrer ici la main tendue de François Mitterrand à Helmut Kohl et tant de fragments d’un récit glorieux d’une histoire plus grande.

Vous nous dites que l’Europe, c’est la perte de la France.

Je vous réponds qu’au contraire, associer le drapeau français et le drapeau européen, ici, c’est avoir le courage de dire haut et fort que les véritables patriotes sont européens.

La France se doit d’être européenne parce que son destin se joue aujourd’hui autant sur la scène nationale que sur la scène européenne ou mondiale.

Oui, mes chers collègues, ce sont bien les mêmes crises qui frappent le monde, l’Europe et la France.

Dans un monde ouvert, sans doute trop ouvert, aux vents de la mondialisation, il n’y a plus aucune cloison entre les enjeux nationaux et européens : faire des choix avec les autres, c’est bien faire des choix pour nous-mêmes.

Les souverainetés française et européenne, c’est un entrelacs d’intérêts communs, et la souveraineté européenne, ce n’est rien d’autre qu’un amplificateur pour notre souveraineté nationale !

Seule, comment la France pourrait-elle assurer la sécurité des Français face au terrorisme islamiste dont la croisade sanguinaire n’a pas de frontières ?

Comment pourrait-elle répondre au défi du réchauffement climatique et des migrations ?

Comment pourrait-elle tirer son épingle du jeu face à une compétition mondiale marquée par le basculement du centre du monde vers les pays émergents ?

Laisser l’Europe sombrer, ce serait donc se résoudre à laisser la France couler avec.

C’est pourquoi je suis heureux qu’avec cette proposition de résolution, nous puissions avoir ce débat si essentiel.

Cela permettra enfin de ne pas laisser le monopole de la critique de l’Europe à ceux qui attendent sa dislocation, comme c’est trop souvent le cas, mais de le faire nous, nous qui pensons que l’Europe est une question de volonté, et que c’est en portant un regard lucide et exigeant sur ses faiblesses que nous pourrons poursuivre l’œuvre des pères fondateurs.

Non, nous ne sommes pas des adorateurs béats de l’Europe telle qu’elle fonctionne aujourd’hui, contrairement à ce que vous voudriez faire croire à chaque extrémité de cet hémicycle.

Nous en sommes conscients : notre génération s’est trop longtemps contentée de gérer et d’administrer l’Europe : l’époque exige plus, car l’existence même de notre civilisation est en péril.

C’est pourquoi nous ne voulons pas d’une Europe technocratique et tatillonne, qui s’affaiblisse en s’élargissant encore, mais d’une Europe qui approfondisse son projet.

Nous voulons une Europe qui protège ses citoyens contre les dérives de la mondialisation, en parvenant à l’harmonisation sociale, pas d’une Europe qui les expose à toujours plus de précarité et de chômage.

Nous voulons une Europe qui garantisse à nos entreprises qu’elles lutteront à armes égales avec leurs concurrentes étrangères, pas d’une « Europe des travailleurs détachés » et il faut souligner qu’un pas en avant important a été accompli par le Président de la République en la matière.

Nous voulons une Europe qui préserve nos modèles sociaux de l’implosion, parce qu’elle sait faire respecter ses frontières, pas d’une Europe passoire.

Nous voulons d’une Europe démocratique, transparente, qui rend des comptes, pas d’une Europe qui impose des décisions aux peuples dans le secret des conclaves entre puissants.

Pour cela, je suis convaincu, profondément convaincu, que nous devons associer les peuples d’Europe à une refonte du projet européen.

En réaction au « Brexit », l’année dernière, j’avais proposé qu’une consultation citoyenne soit lancée dans toute l’Europe et que chacun des parlements nationaux fournisse également une contribution à ce débat européen.

Je ne peux par conséquent que souscrire à la tenue de conventions démocratiques proposée par le Président de la République.

Je souhaite pour ma part que la feuille de route qui sera fixée permette enfin de doter l’Europe d’un président élu au suffrage universel car depuis trop longtemps, elle se construit sans les peuples, voire contre les peuples.

Je souhaite également que nous définissions enfin des priorités pour l’Europe.

J’en vois plusieurs :

La mise en place d’un gouvernement économique de la zone euro et la possibilité pour elle de recourir à l’emprunt pour l’investissement ;

Le renforcement des mécanismes de solidarité européens pour les pays en difficulté et de notre politique d’aide au développement, notamment en direction de l’Afrique ;

L’implication des parlements nationaux dans la construction du budget européen et vice-et-versa ;

Un vrai traité sur la sécurité interne et externe, comme nous avons été capable de le faire sur la question monétaire ou de l’éducation ;

Une renégociation des accordes de Schengen via un accord intergouvernemental.

Enfin, pour que ce projet aboutisse, il devra s’adresser en priorité à la jeunesse, sans laquelle l’Europe ne pourra pas se relever.

Il devra raviver la lueur blême de tout ce que nous avons en partage, de cette connaissance silencieuse de notre place singulière dans le monde, de cette culture et de ce patrimoine pareils à nuls autres, afin que l’Europe prenne conscience qu’elle est avant tout une civilisation.

J’ai la conviction que nous pouvons y parvenir et je mettrai toute mon énergie pour que le Président de la République réussisse.

Je le ferai parce qu’une Europe plus forte, ce sera une France plus forte.

Telle est la raison pour laquelle il est plus que jamais nécessaire que le drapeau européen soit dans cet hémicycle et pour laquelle notre groupe votera cette proposition de résolution. »

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