25.02.2016

"Sauvons nos agriculteurs" par Philippe Vigier

Le monde rural est en train de mourir dans l’indifférence générale. C’est à se demander si le ministre de l’agriculture ne souhaite pas que les éleveurs fassent faillite un à un pour être enfin libéré de ses fonctions et pouvoir se consacrer pleinement au prêche de la bonne parole gouvernementale.

Alors qu’un agriculteur se suicide tous les deux jours, 42 000 éleveurs attendent toujours une aide d’urgence. Quant aux aides sécheresse promises cet été, elles n’ont pas été versées. Les paysans ne peuvent plus se satisfaire de promesses ni d’enveloppes supplémentaires : ils veulent des mesures concrètes, des mesures structurelles.

L’embargo russe entraîne chaque année une perte de 100 millions d’euros rien que pour la filière porcine. Les consommations de viande et de lait baissent tous les ans, tandis que l’OMS continue de stigmatiser nos agriculteurs en alertant sur de possibles risques de cancer. Face à des enjeux de modernisation et de transmission majeurs, le secteur est confronté à une réglementation de plus en plus contraignante.

Une réponse européenne doit tout d’abord être apportée. La France doit plaider en faveur d’une nouvelle politique agricole commune dont les ressources budgétaires seraient annualisées. Les pays doivent également s’accorder pour garantir aux agriculteurs un revenu décent via la sécurisation de leurs marges en cas d’aléas. Notre pays doit enfin tout faire pour assurer une harmonisation des règles fiscales afin de lutter contre les distorsions de concurrence à l’échelle intra-européenne.

Mais la réponse doit aussi être nationale : le gouvernement ne peut pas toujours se dédouaner en accusant l’Europe de tous les maux, comme l’a encore fait dernièrement le Premier ministre en jugeant que « la Commission européenne a fait trop peu et trop tard ». Qu’attend-il pour faire baisser les charges qui pèsent sur les agriculteurs? Qu’attend-il pour engager une simplification des normes environnementales? Qu’attend-il pour limiter les contrôles ou au moins en informer préalablement les destinataires? Qu’attend-il pour intégrer au CICE des mesures spécifiques de soutien aux agriculteurs non éligibles? Qu’attend-il pour rétablir la TVA sociale quand embaucher de la main-d’œuvre coûte près de deux fois plus cher en France qu’en Allemagne?

La réponse doit être immédiate pour soulager les exploitations qui rencontrent les plus grandes difficultés : les règles fiscales liées au report de déficit gagneraient à être plus souples afin que les agriculteurs puissent imputer des pertes sur leurs bénéfices pour gérer leurs problèmes de trésorerie. Incités à s’endetter par la chute des taux, ils ont en effet investi 11 milliards d’euros dans leurs fermes.

S’il est impératif de valoriser l’excellence des produits français et d’exiger une meilleure traçabilité, il convient aussi d’amener les distributeurs à mieux répartir les marges et à renforcer les contrôles sur les prix afin de les réévaluer.

Nous devons enfin encourager l’installation des jeunes agriculteurs et fédérer l’agriculture européenne autour de projets concrets, tels que la revitalisation des zones rurales ou le développement de pôles de compétitivité. A Châteaudun, l’association les Champs du possible que j’ai mise en place recrée un village de start-up entièrement consacré à l’agriculture connectée.

La France, premier producteur agricole européen, doit cesser de détruire ses richesses. Mais il faut pour cela que le gouvernement cesse de mépriser le monde rural.

 

 

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