03.09.2016

Fête de la Pomme 2016 : discours d'Hervé Morin

Discours d'Hervé Morin - Fête de la Pomme 2016

Seul le prononcé fait foi

Mes chers amis, (excellents amis comme aurait dit Platon)

C’est toujours un grand bonheur de vous retrouver en ces premiers jours de septembre avant que chacun d’entre nous n’entame une nouvelle page de sa vie familiale et professionnelle, avec sa part de planifié et sa part d’incertain.

Ce que je sais en tout cas c’est qu’il fait bon être ensemble ce midi, surtout après cette période si difficile que nous avons traversée, période qui malheureusement n’est pas terminée.

Nous le ressentons tous je pense, la répétition des actes terroristes qui ont frappé notre pays, et aussi notre région, au cours des derniers mois est en train de changer quelque chose dans notre société et dans nos comportements individuels. Le terrorisme est maintenant en bas de chez nous, et plus seulement à Beyrouth ou Bagdad ou à Kaboul.

Oui, derrière une résilience de façade, derrière des terrasses de café bondées ou derrière un Euro réussi, je crois qu’une part de notre optimisme vital a disparu au cours des derniers mois. Et j’ai la conviction que ce sera précisément un des enjeux de l’élection présidentielle que de mettre en place les conditions pour retrouver cet optimisme.

Ce sera même, j’en suis sûr, l’enjeu numéro 1 de cette élection. Retrouver la confiance, retrouver l’optimisme, recréer les conditions d’un destin commun, celui d’une Nation sûre de sa force, fière de ses valeurs, confiante dans son destin, dans un monde nouveau. Souvenons-nous de ces magnifiques mots de Renan pour dire ce qui fait l’identité de la Nation française, ce « plébiscite de tous les jours », cette « solidarité constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore ».

Vous voyez, c’est tout simplement au nom de cette conception de la Nation que je me suis prononcé contre le burkini et pour une loi l’interdisant. Parce qu’il est contraire à l’idée que l’on se fait de la condition de la femme. Parce qu’il la rabaisse avec ostentation.

J’ajoute un point sur ce sujet. Nous ne sommes pas la Finlande, le Pérou ou le Japon. Notre pays est par nature et par son histoire beaucoup trop divers pour accepter une expression trop visible, trop quotidienne d’une identité religieuse ou d’un communautarisme au sein de notre quotidien.

Dès lors, je crois qu’il y a, et Jean-Pierre Chevènement l’a dit avec justesse lundi dernier, un devoir de discrétion des religions et des communautés, non seulement dans les lieux qui relèvent de l’autorité publique comme les écoles ou les mairies mais aussi dans les lieux qui constituent un espace social : les plages, les rues, les stades.

Alors, oui mes chers amis, je soutiens les maires qui ont eu le courage de prendre un arrêté contre ce burkini. Ils ont dit tout haut la situation à laquelle les médecins, les enseignants, les directeurs d’écoles, les directeurs de piscines sont de plus en plus confrontés. Vous voyez, ce qui est le plus intolérable, ce n’est pas encore le burkini lui-même, c’est comme je l’ai vu cet été, par plus de 30°, le mari se rafraîchir en petit maillot de bain dans la mer, maillot de bain « occidental » pendant que sa femme suffoque de chaleur sur la plage et se baigne habillée. Cette image représente exactement le symbole de la régression de la condition féminine et ce n’est pas acceptable.

J’ai entendu récemment un chercheur dire « le problème n’est pas l’état d’urgence mais l’urgence de l’Etat ». Il a tout à fait raison. Aucune faiblesse contre celles et ceux qui font de la provocation communautaire. Aucune faiblesse contre celles et ceux qui en veulent à notre pays, à ses fondamentaux, à ses valeurs, qu’ils résident ou non sur notre sol. Comme le fait Israël. Comme le font les Américains qui ont revu toute leur politique au lendemain du 11 septembre. Et même comme les Allemands qui sont en train de repenser toute leur politique de nationalité. Oui aucune faiblesse, à commencer par tous les fichés S qui résident dans notre région. La rétention administrative est le minimum pour ces ennemis de l’humanité et pas besoin de changer la Constitution pour cela. Et j’affirme qu’il n’y a pas besoin de révision constitutionnelle, d’une rétention administrative pour les personnes fichées S dès lors qu’elle est adaptée, nécessaire et proportionnée au but poursuivi. J’aurais l’occasion de le démontrer dans les prochains jours.

L’accès conditionné, et non plus automatique, à la nationalité est aussi une piste intéressante que l’on pourrait mettre en œuvre.

Enfin, et c’est l’ancien Ministre de la Défense qui vous parle, un Français qui va faire la guerre sur les terres du Djihad contre nos valeurs ou contre notre armée, doit être traité comme ce qu’il est, c’est-à-dire un traître à la France.

Donc premier point de cette campagne qui va démarrer, c’est le retour de l’autorité de l’Etat, la tolérance zéro pour toutes les formes de radicalisation.

La deuxième priorité de l’élection, c’est l’éducation. Et les deux premiers sujets sont liés car la majorité des terroristes qui ont frappé notre pays sont des enfants de la République. Le dernier classement PISA l’a montré, nous sommes le pays qui réussit le plus mal dans la correction des inégalités sociales par l’école. Vous l’avouerez, c’est quand même un comble pour une école qui se dit républicaine et dans un pays suant par tous les pores de sa peau l’égalitarisme. Malgré toujours plus d’argent. Malgré toujours plus de réformes et de circulaires. Malgré le dévouement et la qualité d’une très, très grande majorité d’enseignants et de personnels de direction.

Alors oui je le dis, nous devons essayer autre chose, et cet autre chose c’est donner plus d’autonomie aux établissements. Ce n’est pas compliqué, c’est faire tout simplement avec l’école ce que nous faisons depuis 33 ans avec les collectivités locales et depuis 8 ans avec les universités. Restaurer les fondamentaux sur la lecture et l’écriture. Leur donner de la liberté, de l’autonomie, de la capacité à s’adapter au terrain, c’est-à-dire leur permettre d’écrire un projet pédagogique en fonction de la population scolaire et évalué chaque année. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de programme, d’examen ou de diplôme national, cela ne veut pas dire que les enseignants ne sont plus fonctionnaires d’Etat mais tout simplement  que nous leur donnerons beaucoup plus de liberté pour travailler.

Ce point sur l’éducation m’amène naturellement à parler de ma 3e priorité : les territoires et la décentralisation. Il faut aller beaucoup plus loin, c’est une évidence, car aujourd’hui nous sommes totalement au milieu du gué. Or, j’ai de plus en plus la conviction que notre salut viendra des territoires. Oui j’ai la certitude que seules les collectivités ont encore cette capacité d’action et de mouvement que l’Etat a perdu. Oui les collectivités ont les moyens de relancer notre économie dès lors que la France sera libérée d’impôts trop lourds, d’un droit social inadapté au travail d’aujourd’hui et encore plus de demain, d’une pression normative insupportable. Seules les collectivités sont en capacité d’innover, d’inventer des solutions nouvelles, de bâtir de nouvelles solidarités.  Comme le clame un autre normand, Michel Onfray, toutes les vitalités venues des régions ont été confisquées et les décentralisations socialistes n’ont été que le transfert en province des problèmes dont l’Etat entendait se débarrasser. Faisons par exemple des régions avec les communautés d’agglomérations, les métropoles, de vrais laboratoires pour aller plus loin dans la décentralisation.

Les territoires sont de fantastiques lieux d’innovation et de développement et ils sont aussi ceux où nous pouvons inventer l’Etat-providence de demain. Car oui, bien sûr, il faut faire revenir en France les milliers d’exilés fiscaux découragés par l’ISF et par toutes nos règlementations, pensez donc la France a perdu 53.000 foyers fiscaux millionnaires sur 300.000. La France est championne du monde exportatrice des gens qui peuvent investir, développer l’économie… et payer des impôts.

Mais attention de penser aussi à nos concitoyens dont les fins de mois sont difficiles, aux assignés à résidence, - je reprends cette belle expression de la patronne du Secours catholique parlant de tous ces Français, si éloignés de l’emploi. Oui, il faut plus de liberté d’entreprendre, oui il faut récompenser le travail, oui il faut décourager l’assistanat abusif mais oui il faut aussi penser à la justice sociale, à l’équité, par une dépense publique adaptée à notre siècle, par l’actionnariat populaire. Oui je crois que ce fameux ascenseur social qui depuis 25 ans au moins est resté au rez-de-chaussée, c’est au cœur même des territoires que nous pourrons le remettre en marche.

Il faut pour cela avoir le courage de parler différemment aux Français qui se tournent à chaque élection toujours plus vers les extrêmes. Ces Français exaspérés par l’accroissement des inégalités depuis des décennies, exaspérés par le scandale des travailleurs détachés contre lesquels je vais lutter en Normandie, exaspérés par les défaillances répétées de Schengen qui génèrent des tensions en France et en Europe. Il faut aussi que nos courants politiques, la droite et le centre, se détachent de ce discours purement économique et purement libéral que nous leur servons et resservons depuis des décennies et auquel ils n’adhèrent plus. Arrêtons de leur parler sans cesse des réformes dont notre pays a besoin mais mettons-les plutôt à l’œuvre ces réformes. D’où le fait que la forme sera aussi importante sinon plus importante que le fond.

Le candidat qui portera ces priorités – l’autorité de l’Etat, l’éducation, les territoires, l’innovation économique et sociale, la détermination à reformer, et le renouveau du projet européen bien sûr, je vous le dis, ce candidat sera le mien. Ce candidat, j’achète !

Et j’achète, dès les primaires, puisque celui qui gagnera la primaire de la droite et du centre aura de bonnes chances d’être le futur président de la République.

Vous l’avez vu, le centre n’a pas de candidat à ces primaires. Je le regrette mais c’est la réalité. Qu’est-ce que j’y peux si l’UDI est devenue une sorte d’exo planète qui depuis des mois n’a plus d’expression ? Ce ne sont pourtant pas les sujets qui ont manqué pour s’exprimer au cours des derniers mois : le terrorisme, le Brexit, la crise agricole, la laïcité.

Ah j’exagère un peu, on a entendu l’UDI et son président mercredi, oui mercredi matin au sujet du départ d’Emmanuel Macron. Pour dire à l’ancien secrétaire général de François Hollande, à son ancien ministre de l’économie, à celui qui a inspiré toute la politique économique des socialistes depuis 4 ans, à celui qui a été un acteur clé de l’échec de Hollande : « tiens Emmanuel, si tu veux les clés de l’UDI, vas-y prends les, il n’y a pas de soucis ! ». Mais qu’est-ce qui lui a pris à Jean-Christophe de dire une chose comme ça ? Il était en train de chasser les Pokémon ou quoi ? En tout cas, les combinaisons à deux balles pour faire enfin trois glorieuses lignes dans les journaux, ce n’est pas le moment.

Oui, c’est proprement sidérant… mais bon,  revenons aux primaires. Est-ce que le fait de ne pas avoir de candidat  centriste nous impose d’être des spectateurs de ces primaires ? Non pas du tout et moi je vous le dis, je m’investirai totalement dans ces primaires pour que nous soyons, nous aussi, des acteurs du redressement. De mon côté, sachez que j’irai au combat derrière un candidat, au premier et au second tour, pour défendre les idées que j’exposais tout à l’heure, et aussi pour préparer la future recomposition du centre.

Le président de l’UDI veut sacrifier l’UDI par un retournement des alliances avec un pseudo candidat. Moi je pense au contraire que la période qui se profile va permettre une recomposition de la vie politique qu’il appartiendra à notre candidat au soir du 1er tour de l’élection présidentielle de conduire. Les modernes contre les ringards, les progressistes contre les conservateurs, les optimistes contre les annonciateurs du malheur.

Oui, au soir du premier tour de la présidentielle, celui qui sera face à Marine Le Pen — ce qui est la probabilité la plus forte — aura cette responsabilité historique de faire émerger cette force politique centrale regroupant tous les « modernes » dans un même mouvement politique, afin de mener les réformes indispensables à la modernisation du pays.

Cette recomposition politique, que les institutions de la Ve République empêchent, devient une évidence et une nécessité. Une grande force capable, grâce à son assise politique, de porter la transformation du pays. Une force se situant entre, d’un côté, la droite poujadiste, la droite du repli et de l’autre, une gauche archaïque refusant l’évidence de la mondialisation.

Mes chers amis, je n’ai pas encore parlé de la Normandie, notre si belle Normandie et de cette présidence du conseil régional, que sans votre indéfectible soutien tout au long de la campagne, je n’occuperais pas aujourd’hui et qui me rend chaque jour si heureux.

Je vous avais promis lors de la campagne que les politiques normands de droite et du centre sauraient s’unir pour remettre debout la Normandie. La promesse a été tenue et l’est chaque jour malgré les concessions individuelles qu’elle impose.

Je vous avais promis une équipe de femmes et d’hommes qui se dévoueraient sans compter pour leur région. La promesse a été tenue aussi.

Je vous avais promis que la Région Normandie serait mon seul mandat en 2017. J’ai renoncé en juillet à mon siège de député.

Je vous avais promis que je renoncerai à toute offre de portefeuille ministériel qui pourrait m’être proposée en 2017. Ce sera le cas aussi, n’en doutez pas.

Je continuerai d’être, à plein temps et à 100%, le président de notre région pour porter ce nouvel élan, cette ambition qui est en train de faire de la Normandie une région enfin conquérante.

Nous avons voulu tout de suite faire bouger les lignes, créer le mouvement, la dynamique, ne pas nous laisser manger par la lourdeur du système administratif, à commencer par celui des 2 régions que nous devions réunifier et simplifier. Mes chers amis nous sommes la première région a avoir achevé la réorganisation de notre administration. Cela a été fait en moins de huit mois alors que rien ou presque n’avait été préparé par nos prédécesseurs tétanisés par la difficulté de l’exercice. Nous avons fait bouger les lignes sur les trains ou devrais-je dire les rails, nous l’avons fait sur l'économie avec l'agence de développement Normandie (ADN), avec un fonds de 100 M€ d'investissement dont nous aurons les premières annonces durant septembre. Nous avons relancé des grands programmes d'investissement ; nous avons ouvert des chantiers ; l’apprentissage, les lycées, la numérisation de l’économie normande, des appels d’offre qui privilégient l’économie régionale et demain une monnaie normande.

Et si je devais résumer d’un seul mot ces huit premiers mois à la tête de la région, je choisirais un mot : VO-LON-TE.

Volonté de reformer, volonté d’encourager, volonté de développer, volonté de tout donner pour les Normands. Volonté de rendre les Normands fiers de leur région et probablement d’abord et avant tout volonté de respecter nos promesses et nos engagements.

Vous connaissez cette phrase célèbre du philosophe Alain : « Le pessimisme est d’humeur, l’optimisme est de volonté ». 

Eh bien, pour retrouver cet optimisme vital que j’évoquais tout à l’heure, continuons tous d’être d’indestructibles volontaires. Pour la Normandie, pour la France, pour la République.

Je vous remercie.

 

 

 

 

 

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